Une page d’histoire : les Cadets de la France Libre Compagnons de la Libération
Au moment où Fred MOORE, dernier Chancelier de l’Ordre de la Libération vient de nous quitter le 16 septembre 2017, il n’est pas inutile de revenir sur l’histoire de l’Ordre et sur les Cadets qui en ont été titulaires.
L’Ordre a été créé par le Général de GAULLE le 16 novembre 1940 à Brazzaville pour récompenser les personnes et collectivités civiles et militaires qui se distingueraient pour la libération de la France.
Seules 1038 personnes se sont vues attribuer cette décoration prestigieuse ente janvier 1941 et janvier 1946.
Sur les 211 aspirants issus de l’Ecole des Cadets, 7 ont été décorés de l’Ordre de la Libération
Sur les 211 aspirants issus de l’Ecole des Cadets, 7 ont été décorés de l’Ordre de la Libération, auxquels il faut ajouter l’aumonier François BIGO présent à Malvern.
2 Cadets appartenaient à la Promotion « Libération » (Jean FEVRE et François SEITE), 2 à la Promotion « Bir Hakeim » (Jean-Claude CAMORS et Georges TAYLOR), 2 à la Promotion « Fezzan-Tunisie » (Jacques LEMARINEL et Jean-Pierre NOUVEAU) et le dernier à « Corse et Savoie » (Léon BOUVIER).
Tous ont eu un parcours hors du commun, comme l’ensemble de leurs camarades, et à travers eux, ce sont donc tous les Cadets qui se trouvent reconnus et honorés par l’attribution à sept d’entre eux de la Croix de la Libération.
Georges TAYLOR
Le plus jeune d’entre eux, Georges TAYLOR, a moins de 16 ans lorsqu’il rejoint l’Angleterre. Aucun n’a plus de 20 ans ! Aussi, certains connaitront les « collèges » de Brymbach et Rake Manor, préalable nécessaire pour les plus jeunes à l’entrée à l’Ecole des Cadets !
Léon BOUVIER, Jean-Claude CAMORS
Léon BOUVIER rejoint l’Angleterre après un parcours qui le mènera en Egypte, en Syrie, en Libye et à Bir-Hakeim. Blessé à Beyrouth, il est amputé du bras droit et se présente à l’Ecole des Cadets avec la croix de la Libération ! Mais il n’est pas le seul à s’être battu avant d’intégrer l’Ecole ; c’est le cas aussi de Jean-Claude CAMORS qui s’est engagé dès 1939 puis s’est évadé et a rejoint la Résistance avant de profiter d’une occasion alors qu’il se trouve sur un bateau de pêche au large des côtes du Maroc pour rejoindre Gibraltar à la nage, et Londres, dans la foulée.
Jean FEVRE, François SEITE, Jacques LEMARINEL
D’autres, et c’est le cas de Jean FEVRE, de François SEITE, de Jacques LEMARINEL et de Georges TAYLOR, qui profitent de leur présence sur la côte Atlantique en Bretagne, en Gironde ou à Saint-Jean de Luz, pour s’embarquer sur un bateau à destination de l’Angleterre.
Jean-Pierre NOUVEAU
Jean-Pierre NOUVEAU pour sa part passera par l’Espagne, et après quelques péripéties (il est accusé -à tort- d’avoir tué un garde civil espagnol), il pourra en octobre 1941 rejoindre Ribbesford.
Formation à Malvern, puis Ribbesford
Malvern et Ribbesford seront les lieux de formation successifs des Cadets de la France Libre. Jean FEVRE présentera la particularité d’arriver à l’Ecole comme sous-officier instructeur puis d’être promu comme aspirant en juin 1942 au titre de la Promotion « Libération » !
Naturellement la sortie de l’Ecole s’effectuera, dès 1942 et jusqu’en 1945, vers les théâtres d’opération en reconquête, en France, en Italie, en Afrique du Nord, puis en Allemagne, et pour Georges TAYLOR en Hollande en avril 1945. Jean-Pierre NOUVEAU, après la Libération de la France, effectuera deux séjours en Indochine, l’un avec MASSU (dont il sera l’aide de camp), l’autre avec le 1er REC.
Cinq d’entre eux sont morts pour la France
Mais au Panthéon des Compagnons de la Libération, nombreux sont ceux qui sont morts pour la France, dès 1943 pour Jean-Claude CAMORS, agent du BCRA, reconnu, trahi et tué à Rennes par la Gestapo. En 1944 et 1945 en Italie dans les difficiles combats de la libération de ce pays, pour Jean FEVRE et Jacques LEMARINEL (dont la dépouille a été inhumée à Rome). François SEITE tombera dans les Vosges en novembre 1944. Enfin Georges TAYLOR sera tué dans les combats de la libération de la Hollande le 8 avril 1945 et son corps reposera à Vesterbork , à proximité des lieux où il perdit la vie, avant de rejoindre plus tard le caveau familial en Gironde.
Deux compagnons survécurent aux épreuves et aux combats auxquels tous furent confrontés.
Léon BOUVIER d’abord, qui après sa démobilisation en 1946, fit une brillante carrière diplomatique qu’il acheva comme Ambassadeur de France. Il décéda en 2005. Jean-Pierre NOUVEAU ensuite, qui, après ses deux séjours en Indochine, rejoignit l’entreprise familiale qu’il développa au niveau international. Il décéda en 1991 à Paris.
Blessé grièvement lors de l’évacuation de Dunkerque, le Père BIGO s’engage dans les FFL et rejoint l’Ecole des Cadets à Malvern comme capitaine aumônier. Il participe ensuite à la campagne d’Italie, puis au débarquement en Provence et à la remontée du Rhône et de la Saône jusqu’à Belfort. Il sera lâchement assassiné par les Allemands en Haute Saône le 2 octobre 1944 après avoir été fait prisonnier, alors qu’il se portait en première ligne pour assister les blessés. Il avait été fait Compagnon de la Libération et décoré par le Général de GAULLE le 30 juin 1944 en Italie.
Par leur parcours, leur détermination, leur courage, leur patriotisme et au-delà de leurs différences, chacun d’entre eux est un exemple pour les générations futures ; la mise en perspective de leur destinée montre comment des événements exceptionnels ont révélé leur caractère et mis en évidence les valeurs de liberté et d’honneur qu’ils ont portées.
Alors que le nombre des Compagnons survivants se réduit de plus en plus, leur souvenir n’en prend que plus d’importance.
Il était du devoir de l’Association du souvenir des Cadets de la France libre d’évoquer leur mémoire.
Pierre MOULIE, vice- président de l’ASCFL