Sommaire
- Echos du conseil d’administration du 13 juin 2025
- Anniversaire de la remise du fanion de l’Ecole par le général de Gaulle le 13 septembre à la première promotion « Libération »
- Déplacement à Malvern en novembre 2025
- Cadets de la promotion Libération « morts pour la France »
Echos du conseil d’administration
Le conseil d’administration s’est réuni le 15 juin essentiellement pour arrêter les dispositions concernant les deux manifestations organisées par l’association au deuxième semestre, le 13 septembre aux Invalides, les 8 et 9 novembre en Grande-Bretagne. Le conseil a également évoqué la situation financière de l’association et l’état des cotisations. La situation est stable et de nouvelles adhésions ont été enregistrées.
Anniversaire le 13 septembre 2025
C’est le 13 septembre 1941 que le général de Gaulle est venu au Collège de Malvern pour remettre aux élèves de la première Promotion le tout nouveau fanion de l’Ecole des Cadets.
L’histoire du fanion est rapportée par André Casalis, qui a rejoint l’Ecole aux premiers jours et qui sera promu avec la première promotion « Libération » :
Le général de Gaulle, après son retour du Levant, vient rendre visite à Malvern le 13 septembre 1941 à l’occasion du baptême de la première promotion « Libération », afin d’apprécier en personne la bonne mise en place de son projet d’Ecole militaire, « le Saint-Cyr de la France libre ». Il trouve en face de lui des cadets à la présentation impeccable : tenue bleue des Chasseurs, gants blancs, mousquetons. Le général prend lui-même le commandement pour la cérémonie de remise du fanion. Ce fanion a été brodé par Mme Mitchell, mère d’un futur Cadet. Il est remis par le général de Gaulle à sa garde en la personne du cadet Jacques Duchesne. Puis les Cadets défilent devant le général et l’encadrement de l’Ecole. Un film et de nombreuses photos rendent compte de l’événement.

Après la cérémonie, le général passe la journée à Malvern et reçoit tour à tour les cadets dans le bureau du directeur, afin d’échanger avec chacun d’entre eux, sur leur lieu d’origine, sur les circonstances de leur arrivée en Grande-Bretagne, sur leur engagement dans les Forces Françaises Libres, et aussi sur leurs motivations et leurs attentes. Les paroles du général, son écoute bienveillante sont un puissant stimulant avant leur affectation comme officiers dans les unités combattantes
La date du 13 septembre s’imposera comme une date repère essentielle dans la vie de l’Ecole et le parcours et l’histoire des Cadets.
L’ASCFL a décidé d’honorer chaque année cette date anniversaire et a célébré solennellement le 13 septembre 2021 le 80ème anniversaire de la remise du fanion par le général de Gaulle tant aux Invalides, sous la présidence du Général Thierry Burkhard, chef d’Etat-major des Armées, qu’à Malvern où nous étions représentés par Michel Marbot, administrateur et fils de notre président fondateur, René Marbot.
Nous avons déjà obtenu l’accord du général Loïc Mizon[1], gouverneur militaire de Paris (GMP) pour renouveler le 13 septembre prochain aux Invalides la cérémonie d’hommage au fanion à laquelle nous invitons les familles et amis des Cadets à nous rejoindre ainsi que les membres de la promotion de l’ESM « Cadets de la France libre », et tous nos partenaires, Fondations et associations mémorielles.
Le déplacement à Malvern College les 8 et 9 novembre 2025
On notera tout d’abord que les autorités du Collège De Malvern célèbreront ce week-end proche du 11 novembre la cérémonie annuelle du Souvenir qui fait mémoire de tous les anciens élèves de l’école tombés pour leur patrie d’abord durant la guerre de 1914 et durant tous les conflits ultérieurs. C’est à ce titre que les représentants des anciens Cadets de 1941 sont invités à participer à cette grande cérémonie.
Les Cadets à Malvern 1941-1942
Les développements ci-après s’appuient sur l’ouvrage d’André Casalis (« Cadets de la France libre : l’Ecole militaire, éditions Lavauzelle, avril 1994). André Casalis, historiographe des Cadets de la France libre étant lui-même issu de la 1ère promotion « Libération » seule promotion formée à Malvern.
« Après la période spartiate de Rake-Manor, la nouvelle Ecole des cadets de la France libre s’installe à Malvern en février 1941 au sein du site magnifique de Malvern College, plus précisément dans le bâtiment n° 5.
Il s’agit d’un ensemble de constructions assez majestueux, disposé en fer à cheval autour de vastes pelouses et d’installations sportives. Le tout est adossé aux collines de Malvern, cirque naturel où se niche la ville éponyme ». Les locaux sont spacieux et bien ordonnés, tant au niveau des chambres qu’au niveau des salles d’instruction et du réfectoire, comme le sont les collèges de la bonne société britannique. Les collégiens britanniques occupent le reste de l’établissement. Piscine couverte, gymnase et autres installations sportives du collège sont disponibles et accessibles aux Cadets.
Eu égard au faible effectif des Cadets, l’encadrement est bien étoffé (26 militaires et civils) sous l’autorité d’André Beaudouin, nommé directeur de l’Ecole par le général de Gaulle.
L’enseignement se militarise progressivement laissant toutefois une place importante aux matières d’enseignement général (cours de français, d’anglais et d’allemand, mathématiques, physique et mécanique…), les élèves étant répartis en trois sections en fonction de leur niveau d’études (titulaires du baccalauréat, élèves du niveau secondaire).

Une attention particulière est apportée à la tenue (tenues de sortie et de travail) afin que les Cadets puissent avoir fière allure, notamment lors de leurs sorties « en ville ».
Des examens se mettent en place rapidement pour vérifier la bonne progression des élèves dans les différentes matières d’enseignement militaire et d’enseignement général. L’appellation de « Cadet » s’apparente à celle de leurs homologues britanniques de Sandhurst, ce qui est apprécié dans l’Ecole. Quatre mois après l’ouverture, Beaudouin note que la discipline militaire est désormais acquise et que d’importants progrès sont déjà réalisés dans l’instruction des Cadets de la France libre.
Quarante-trois « volontaires » ont rejoint l’Ecole après le départ de Rake-Manor. La promotion « Libération », issue de ces arrivées comprendra, au 1er juin 1942, 13 aspirants (auxquels il faut ajouter 2 instructeurs nommés au grade d’aspirant, Taravel et Fèvre). Douze cadets étant autorisés à redoubler, sont nommés sergents ou caporaux. Enfin quatre sont autorisés à rejoindre sans attendre des unités combattantes.

Le général de Gaulle qui vient inspecter l’Ecole militaire des Cadets de la France libre le 13 septembre 1941 remet son fanion à l’Ecole.
Le 28 mai 1942, a lieu le baptême de la promotion Libération par le général Le Gentilhomme, les nominations prenant effet au 1er juin 1942.
Liste du classement de sortie de la promotion « Libération »:13+2 :
Mulsant, Casalis, La Ménardière, Carville, Briand, Lespagnol, Le Roux, Pellé, Duchène, Méchin, Duluat, Laurent, Sèité. Taravel et Fèvre (instructeurs, hors classement)
12 Cadets de la 1ère section non promus aspirants, sont nommés sous-officiers :
Allain, Alliot, Blanchard, Bouguen, Jeanne, Lancien, Ligavant, Lemarinel, Quentel, Richard C., Taburet, Vourc’h.
Cadets de la 2ème section (section préparatoire) : 19
Cachera, Billard, Boulanger, Cambacérès, Chevrier, Chuquet, Desmaisons, Hainaut, Henry, Herbout, Herlaut, Lavoix, Lefebvre, Lefevre, Pierrepont, Richard G., Taylor, Vaschalde, Wrenacre
Cadets ayant exprimé au général de Gaulle le 13 septembre 1941 le désir de rejoindre immédiatement une unité combattante : 4
Caron, Darchen, Joint et Prigent
Jacques Duchène (1923-1945)
Fils d’un officier tué pendant la campagne de 1940, Jacques, accompagné de sa mère puis de son frère, se replie sur Saint-Jean-de-Luz, où il embarque le 23 juin 1940 sur un bateau qui les conduit en Angleterre.
Trop jeune pour s’engager directement comme son frère ainé, il rejoint les Jeunes Volontaires Français et l’Ecole militaire des Cadets et promu aspirant dans la première promotion « Libération ». Il rejoint la Nouvelle-Calédonie et le bataillon d’infanterie de marine du Pacifique.

Le bataillon est engagé dans la campagne d’Italie où il se distingue au feu et est promu sous-lieutenant le 25 juin 1944. Avec la 1ère DFL, il est en Provence, dans les Vosges et en Alsace. Son bataillon est dirigé sur les Alpes-Maritimes pour ouvrir un nouveau front sur les arrières allemands encore accrochés en Italie.
Le 10 avril 1945, à la tête de sa section et au cours d’un furieux corps à corps, il est grièvement blessé et expire sur le champ de bataille.
La croix de chevalier de la Légion d’honneur lui est décernée à titre posthume, avec une deuxième citation à l’ordre de l’Armée.
Jean Fèvre (1920-1945)
Lui aussi est fils d’officier. Il est appelé sous les drapeaux le 9 juin 1940 à l’heure même où son frère ainé, lieutenant, est tué devant Rethel. Replié sur Bayonne, il s’embarque à Saint-Jean-de-Luz pour l’Angleterre le 21 juin 1940 et s’engage dans les Forces Françaises Libres et encadre les Jeunes Volontaires Français à Rake Manor puis est nommé professeur à l’Ecole Militaire des Cadets où il achève sa formation d’élève-officier et est promu avec la première promotion « Libération » en juin 1942.

En mars 1943, il rejoint la 1ère DFL en Afrique du Nord puis participe aux batailles d’Italie, de Provence et d’Alsace où il est blessé devant Belfort. Sur le front en hiver 1944-1945, sa brillante conduite au feu est reconnue par sa promotion au grade de sous-lieutenant puis de lieutenant, et par sa nomination au grade de chevalier de la Légion d’Honneur. En mars 1945, son unité est transférée dans les Alpes où elle a mené une rude guerre de montagne. Le 21 avril, visitant ses avant-postes à Piena (qui commande la vallée de la Roya) il est atteint en plein cœur par une balle tirée par l’ennemi. Ce sera le dernier officier de la 1ère DFL qui tombera au cours de ces combats.
Il est nommé à titre posthume Compagnon de la Libération. Fait unique dans les annales militaires, il a été fait deux fois Chevalier de la Légion d’Honneur par décrets des 12 avril et 28 juin 1945.
6 autres cadets de la promotion Libération sont « morts pour la France » :
Gérard Gaultier de Carville (4 août 1944 à Rosporden), François Seïté (17 novembre 1944 à Belfort), Gustave Lespagnol (23 novembre 1944 en Alsace), Marius Taravel (le 12 février 1949 en Annam), Louis Le Roux (5 mars 1951 en Corée), Jean Briand (6 décembre 1951 au Tonkin)
8 cadets de la promotion sur 15 sont ainsi « morts pour la France », soit plus de la moitié de la promotion.
Les derniers Cadets tombés pour la France en 1945
Après ceux qui sont tombés en 1943, 1944 et au premier trimestre 1945, la liste s’allonge encore avec 3 cadets tombés avant la fin de la guerre et deux autres tombés plus tard, l’un en Syrie et l’autre au Tonkin.
Outre Jacques DUCHÊNE et Jean FÈVRE, Le troisième cadet tombé avant la capitulation allemande est Georges TAYLOR
Georges TAYLOR
Né en 1924 à Salles, de mère française et de père anglais, Georges a vécu son enfance en France. Il fait ses études secondaires au collège de Sarlat puis passe son baccalauréat à l’âge de 15 ans.
Le 16 juin 1 940, avec le plein accord de sa mère, alors qu’il n’a pas 16 ans il s’embarque avec ses deux sœurs et son jeune frère à la Pointe de Grave sur un bateau rapatriant des Britanniques. Il ne parvient pas alors à s’engager dans les FORCES FRANCAISES LIBRES en raison de son âge, car il n’avait pas encore seize ans ; dirigé sur L’ÉCOLE MILITAIRE DES CADETS DE LA FRANCE LIBRE en 1942, il sortit Major de la Promotion « BIR-HAKEIM »
Un an après, il obtint d’être affecté comme aspirant au 2ème REGIMENT DE CHASSEURS PARACHUTISTES. C’est dans les rangs de cette unité prestigieuse qu’il participa aux combats de la LIBERATION.
Parachuté en BRETAGNE le 9 Juin 1944, il participa, aux côtés des « maquisards » aux sabotages, aux embuscades et au COMBAT de SAINT-MARCEL, le 18 Juin 1944.
Il poursuivit l’ennemi en fuite jusqu’en BOURGOGNE, fut cité à l’Ordre de l’Armée et reçut la LEGION D’HONNEUR en octobre 1944.
En décembre, il combattit audacieusement autour de BASTOGNE encerclée et reçut, à cette occasion, sa troisième palme accompagnée de Distinctions Britanniques et Américaines.

Promo « BIR-HAKEIM »
Le 8 avril 1945, il fut parachuté en HOLLANDE pour ouvrir la voie à l’offensive qui visait L’ALLEMAGNE du Nord.
Séparé de son unité, il se heurta, avec douze hommes, à sept cents S.S. et succomba sous le nombre.
Cet Officier de vingt ans « D’UNE ARDEUR FOUDROYANTE, AUX INNOMBRABLES COUPS D’ECLAT », tombé les armes à la main, fut fait COMPAGNON DE LA LIBERATION à titre posthume en Septembre 1945.
Ce jeune homme, jeté dans la guerre en pleine adolescence et qui ne cessera de revendiquer les postes de responsabilité et les missions les plus dangereuses est bien le symbole de cette jeunesse ardente qui « AUX PIRES HEURES DE L’HISTOIRE DE NOTRE PAYS A CONSOLE LA FRANCE ».
Jean BUISSIÈRE
Il est né le 1er juin 1923 à Diégo-Suarez (Madagascar) et a fait ses études secondaires au lycée de Tananarive jusqu’à sa première inclusivement. Dès que Madagascar fut ralliée au général de Gaulle, le jeune collégien s’engagea dans les Forces Françaises Libres et fut embarqué à Tamatave par les soins de l’armée, le 16 avril 1943, à destination de la Grande-Bretagne.
Incorporé à l’École Militaire des Cadets, il en sortit avec le grade d’aspirant le 1er juin 1944 (promotion « 18-juin »)

Il fut alors affecté aux Forces Françaises de l’Intérieur et parachuté dans la Creuse en septembre 1944, comme officier d’encadrement des maquis de la région.
Remis à la disposition de l’armée régulière le 20 novembre 1944, il fut dirigé sur Alger et affecté au Corps Léger d’Intervention de Djidjelli, qui devait opérer ultérieurement en Extrême-Orient.
Débarqué le 6 octobre 1945 à Saïgon et nommé chef de section au. 5e Régiment d’Infanterie Coloniale, il devait trouver la mort une semaine plus tard. Le 12 octobre en effet, lors de la première opération de dégagement de Saïgon, il tombait mortellement atteint, au cours d’une opération de ratissage à travers le Jardin Botanique de cette ville, cinquième victime d’un tireur d’élite japonais armé d’un fusil à lunette.
Le 28 décembre 1945, il fut cité à l’ordre de l’Armée en ces termes :
« Jeune aspirant admiré de tous pour ses qualités physiques et morales.
Pendant toute la matinée du 12 octobre a remarquablement dirigé son groupe dans les combats au nord de Saïgon. Malgré un tir ajusté de tireurs isolés, a rempli parfaitement sa mission. Tombé fra frappé mortellement, au moment où, une fois de plis, il se dressait face aux rebelles pour commander son groupe. »
Le 10 mai 1951, la Médaille Militaire lui était, en outre, décernée, à titre posthume.
GUY-ROBERT PIERREPONT
Guy Pierrepont est né le 16 juillet 1925 à Lille (Nord). Évadé de France sur un bateau de pêche, débarque en Angleterre le 19 juin 1940. Il n’a pas quinze ans. Il revêt toutefois le battle-dress et fait partie de la première Légion des Jeunes Volontaires Français, stationnée d’abord au camp de Brymbach en Pays de Galles, Puis à Rake Manor dans le Surrey.

Quand l’École Militaire des Cadets est fondée, en février 1941, il en devient naturellement un des élèves et la suit dans ses deux résidences, d’abord à Malvern, puis à Ribbesford.
Grâce à une dispense spéciale du général de Gaulle, il peut contracter un engagement officiel dans l’armée le 1er novembre 1942 et est nommé aspirant le même jour à la sortie de la promotion Bir-Hakeim. Il vient d’avoir dix-sept ans.
Désigné pour le Levant, il embarque à Liverpool, en août 1943, avec le détachement du général Monclar. Après un bref séjour à Durban, puis en Égypte, il débarque à Beyrouth le 1er novembre 1943, au terme d’un voyage de trois mois.
L’aspirant Pierrepont reçoit successivement plusieurs affectations, d’abord au Groupe de Reconnaissance de la 5e Brigade de Montagne ; puis, en juillet 1944, à la 3e Compagnie Légère du Désert (Deir es-Zor); enfin, après sa nomination au grade de sous-lieutenant d’active (Cavalerie) le 1er octobre 1944, à la 2e Compagnie du Désert (Dmeir).
C’est là qu’il devait trouver la mort dans des circonstances particulièrement tragiques. Le général Hulot, commandant supérieur des Troupes du Levant, relate sa fin dans une lettre adressée à son père : J’ai le pénible devoir de vous informer que votre jeune fils, le sous-lieutenant Pierrepont Guy, a été assassiné à Dmeir (Syrie) le 8 juin 1945, par ses propres méharistes, avec d’autres officiers et sous-officiers français de son unité. Après un essai de résistance héroïque, où il réussit à blesser son soldat-ordonnance, il est tombé mortellement blessé face aux rebelles, dans l’accomplissement de son devoir. »
Le sous-lieutenant Pierrepont, après avoir été cité à fondre de l’Armée le 26 novembre 1945, a été nommé, à titre posthume, Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 29 mai 1947, avec le motif suivant:
« Jeune officiel, brave et plein d’allant. Au cours des évènements de mai-juin 1945, â Damas, étant chef de peloton du D. C. L. et chargé d’accompagner son commandant de Groupement pour le règlement d’un conflit avec de nombreux Bédouins armés, a été blessé mortellement le 8 juin 1945 à Dmeir. A été cité. »
Ainsi mourut un des tout premiers jeunes compagnons du général de Gaulle. Il n’avait pas vingt ans.
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