Voici ce que raconte Etienne Laurent qui a vécu cette expérience
Au mois de Septembre 1940, une trentaine des premiers volontaires qui avaient dû interrompre leurs études secondaires avant les épreuves du baccalauréat, sont désigné pour aller à Londres suivre des cours et réviser les programmes afin de se présenter à la première session au mois d’octobre organisée par le Lycée français à South Kensington.
C’est enfin en uniforme militaire, le « Battle dress » de l’armée britannique (notre voeux le plus cher) que nous partons pour la capitale anglaise, où nous allons subir, sans discontinuer de formidables bombardements.
La bataille d’Angleterre en est à son début. Elle va se révéler très meurtrière pour les aviateurs et pour la population civile.
A Londres nous logeons à Eaton square dans l’hôtel particulier de Lady Peel. Nous travaillons sans relâche la journée sur place et aussi au Lycée à South Kensington et très souvent le soir dans notre cave. En effet, de terrifiants bombardements nocturnes frappent sans interruption Londres et Coventry.
Inconsciemment, il m’est arrivé certaines nuits de violents bombardements, de monter, comme beaucoup d’entre nous sur le toit de notre immeuble. Quel spectacle !
Les bombes sifflantes au son de plus en plus strident et puissant au fur et à mesure quelles approchent du sol sont effrayantes. Le grondement des explosions, les incendies gigantesques qui illuminent le ciel mêlés à ceux qui éclatent et crépitent un peu partout le fracas des immeubles qui s’écroulent, les canons de la D.C.A et les mitrailleuses à canons multiples qui tirent sans arrêt, les cloches des pompiers et combien d’autres bruits encore, sont autant de choses qui nourrissent notre peur et nous tétanisent. C’est pourquoi nous restons et regardons en silence le spectacle affolant offert à nos yeux, jusqu’au moment où nous retrouvons nos esprits pour nous précipiter, dans une fuite éperdue, vers l’abri que nous offre notre cave.