Sommaire :
- Evocation de l’aspirant Antoine Mayer, cadet de la France libre, disparu le 16 septembre 1944
- Déplacement du conseil d’administration et des Fondations au Musée « Charles de Gaulle » à Scorbé-Clairvaux (Vienne) le 4 mars 2025
- Echos du conseil d’administration du 7 mars 2025
- La famille de Gaulle et l’Ecole militaire des Cadets
- Souvenir des cadets tombés au premier trimestre 1945
1 – Evocation de l’Aspirant Antoine MAYER

C’est dans les archives du Service Historique de la Défense que l’on trouve cette évocation de la disparition de l’aspirant Antoine MAYER, Cadet de la France libre le 16 septembre 1944 dans les Grand Bois (Vermondans dans le Doubs).
Il s’agit d’un document écrit par le capitaine Robert Moulié, document dans lequel le capitaine rend compte au général de corps d’armée commandant les Forces françaises de l’intérieur des conditions dans lesquelles Antoine Mayer a perdu la vie au cours d’une mission du BCRA dans le Doubs en septembre 1944 :
« L’aspirant Mayer a été blessé au cours d’une patrouille lors d’un violent accrochage avec l’ennemi. Toutes les recherches entreprises pour le retrouver se sont avérées vaines : un autre aspirant et un soldat du 2ème bataillon de Franche-Comté qui sont immédiatement partis à sa recherche, ne sont pas revenus et sont considérés, depuis, comme disparus. Deux prisonniers Allemands, interrogés en ma présence, n’ont pu fournir de renseignements à son sujet. »
« D’autre part, un soldat allemand, tué par l’un de nos postes, a été trouvé porteur d’un paquet de cigarettes « Camel » et d’une grenade anglaise Mle 36 (emportés par l’aspirant Mayer lors de sa patrouille).
Robert Moulié poursuit : « Je me fais un devoir de signaler la magnifique conduite au feu de l’aspirant Mayer, qui avait été, à l’Ecole militaire des cadets de la France combattante, l’un des meilleurs éléments de la 1ère compagnie d’élèves-aspirants, que je commandais. Son activité inlassable au contact de l’ennemi, lui avait déjà valu, avant sa disparition, une citation à l’ordre de l’I.D./3 (Général Duval) ».
Antoine Mayer était le fils de René Mayer (1895-1972), homme politique, membre du comité français de la Libération nationale à Alger, puis nommé ministre du général de Gaulle quelques jours avant la disparition de son fils. Il n’apprendra son décès que le 10 novembre. Il poursuit une brillante carrière ministérielle sous la IVème République étant notamment Président du Conseil des Ministres de janvier à juin 1953. Il succéda en 1955 à Jean Monnet comme président de la Haute Autorité de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA).
Antoine Mayer avait rejoint le général de Gaulle en passant par l’Espagne en novembre 1942. Libéré des geôles franquistes en février 1943, il est dirigé sur Londres et incorporé à l’Ecole militaire des Cadets en mai 1943 dont il sort aspirant en juin 1944 (Promotion « 18 juin »). Volontaire pour être parachuté en France dans le cadre du BCRA, il rejoint son ancien instructeur de l’Ecole des Cadets avec lequel il est parachuté à proximité de Pont-de-Roide (Doubs).
« Mort pour la France », il reçut à titre posthume la Médaille Militaire et la Croix de guerre 1939-1945. Il repose auprès de ses parents au cimetière de Montparnasse à Paris. Une plaque commémorative apposée sur la commune de Vermondans rappelle son fait d’armes et son héroïsme
2 – Déplacement de l’ASCFL au musée de Gaulle à Scorbé-Clairvaux (Vienne) le 4 mars 2025
Lucien Jugé, maire de la commune poitevine de Scorbé- Clairvaux, s’est rapproché de notre association il y a quelques années, intéressé par l’histoire des Cadets. Il nous a informé à l’époque de ses actions sur l’histoire du gaullisme et nous a convié à venir lui rendre visite dans sa commune pour mesurer l’ampleur de son action historique.

Depuis cette première rencontre, les liens se sont développés avec Lucien à telle enseigne qu’il a rejoint à notre demande notre conseil d’administration où il est très présent et actif. Il a fait avec nous le déplacement à Bewdley en 2023 et nous a reçus ici pour honorer la mémoire des Cadets, notamment à l’occasion du centenaire de sa naissance de Yvon CHOPIN qui repose dans le cimetière de la commune, mais aussi pour inaugurer un espace municipal portant le nom de « Cadets de la France libre ». Il nous a permis de participer le 17 juin 2023 à l’assemblée générale de son association (De Gaulle, mémoire pour l’avenir) pour une conférence sur l’histoire des Cadets.
Mais d’où vient cet engouement pour la geste gaulliste. Lucien rappelle qu’en 1963, le général de Gaulle, dans le cadre de ses déplacements dans les Départements, est dans la Vienne, à Poitiers et Châtellerault. Il note l’enthousiasme des populations locales, l’aspect bon enfant de ce déplacement et l’accès facile des participants au général. Cela marque fortement Lucien. Il participe, sur le parvis de Notre Dame le 12 novembre 1970 alors qu’il est étudiant, à l’office religieux organisé à la mémoire du Général de Gaulle. Il décide alors de consacrer une heure par jour de sa vie au général. Et tient parole !
Il commence, parallèlement à une vie professionnelle intense, à constituer une collection, qui devenue significative, mérite d’être ouverte au public. Peut-être insuffisamment connue des élites parisiennes, il se résout à léguer son fonds patrimonial à sa commune. Hors des Fondations, c’est peut-être aujourd’hui le plus grand fonds documentaire sur de Gaulle en France. Ce fonds contient plus de 7000 pièces issues pour l’essentiel de la collection privée de Lucien Jugé : livres, journaux cartes postales, timbres, lettres, affiches… On y trouve par exemple, l’un des micros de la BBC des années 40, identique à celui utilisé à Londres par général de Gaulle lors ses interventions, une machine à écrire utilisée par le secrétariat du quartier général de la France libre à Londres…
Il conviendrait naturellement de mieux valoriser et pérenniser ce fonds en organisant des archives numériques et en s’appuyant sur un site internet dédié. 500 à 700 personnes visitent ce musée chaque année
L’association a plus de trois cents adhérents et organise trois conférences par an ; elle s’appuie sur une douzaine de bénévoles de l’association
3 – Echos du conseil d’administration du 7 mars 2025
Point sur les finances de l’association.
Au cours de la réunion du 5 mars, le conseil d’administration a fait le point général des finances de l’association. Le Crédit Mutuel, banque des associations, a été retenu pour remplacer la Banque Postale dont l’inaction et l’absence de contacts étaient devenues inacceptables pour la bonne gestion de notre association. Un grand merci à notre trésorier Patrick Lemoine qui a conduit avec ténacité ce transfert.
La campagne de cotisations
La campagne de cotisations 2025 est lancée à l’occasion de l’envoi de la présente lettre éditoriale, sans changement du montant de la cotisation (30 euros). Le conseil invite naturellement les membres adhérents qui le peuvent à faire un don complémentaire pour nous aider financièrement dans nos nombreux travaux et éditions d’ouvrages.
Le conseil se félicite de l’arrivée de nouveaux adhérents, descendants de Cadets.
4 – Evènements et cérémonies 2025 évoqués au cours du conseil :
- Cérémonies de la Libération : l’ASCFL n’a pas l’envergure suffisante pour organiser des événements propres à son niveau pour le 80ème anniversaire de l’Armistice du 8 mai 1945 et de la libération définitive du territoire national. L’association s’associera aux manifestations auxquelles elle sera conviée par les Fondations et ses autres partenaires
- Manifestation du samedi 13 septembre 2025 ; le 13 septembre est la date anniversaire annuelle retenue par notre association pour célébrer l’école des Cadets (c’est le 13 septembre 1941 le général de Gaulle est venu à Malvern remettre le fanion de l’école à la première promotion – Libération-). Il est prévu un dépôt de gerbe dans la galerie du 1er étage de la cour d’honneur des Invalides comme nous l’avions fait en 2021.
- Déplacement au collège de Malvern le 9 novembre 2025 : Nous sommes conviés à Malvern le 9 novembre prochain pour célébrer la mémoire des Cadets. L’organisation et la préparation de ce déplacement sont confiés à Michel Marbot, qui rendra compte au CA de juin des conditions proposées pour ce déplacement.
5 – La famille de Gaulle et l’Ecole des Cadets : Roger et Philippe de Gaulle (1943-1944)
Dans l’ouvrage de François MALYE « De Gaulle vu par les Anglais (collection Taillandier TEXTO, page 75), l’auteur cite un courrier de Xavier de Gaulle au Général, transmis par le Foreing Office, qui donne la liste des membres de la famille de Gaulle, leur situation et localisation début 1943.
Pour Roger de Gaulle, fils de Xavier, frère du Général, il est indiqué : « Roger, Ecole des Cadets, Ribbesford Hall, Bewdley (Worcs) ».
Or, Roger de Gaulle n’est mentionné dans aucune des promotions de l’Ecole militaire des Cadets et n’est pas cité non plus dans les ouvrages d’André Casalis. On le trouve toutefois dans l’annuaire de l’Amicale des Cadets (année 1952) comme stagiaire, confondu avec son père Xavier dont il porte également le prénom ; enfin, il faut consulter le site des Français libres pour trouver la biographie du neveu du Général de Gaulle, « Roger, Xavier, Jacques Marie, Joseph de Gaulle ».
- Roger de Gaulle est né le 10 février 1923 à Landsweiler en Sarre, où son père Xavier, frère du Général, est ingénieur des Mines. Il est le frère de Geneviève Anthonioz de Gaulle.
- Etudiant à Toulouse, il s’évade de France sous un nom d’emprunt, grâce à une filière de passeurs, par Perpignan puis l’Espagne en novembre 1942. Il est arrêté et incarcéré dans les geôles franquistes à Gérone. Libéré sous la pression du consul britannique local, il réussit à gagner Londres en mars 1943 « après un long périple sur lequel nous manquons d’informations.
- A son arrivée en Grande Bretagne, son oncle Charles l’envoie suivre les cours à l’Ecole des Cadets de la France Libre à Ribbesford . Il quitte rapidement l’Ecole dans des conditions que nous ne connaissons pas et on le retrouve sous-officier à Meknès au Maroc.
- Il fait la campagne d’Italie avec la 2ème Division d’infanterie marocaine, puis le débarquement en Provence puis les opérations en France avec la 1ère D.F.L. Il est enfin affecté à la mission militaire pour les affaires allemandes où il est démobilisé à la fin 1945.
- Il retourne alors à la vie civile et se marie en mars 1946. Il n’aura pas de descendance.
- Il travaille dans le groupe Unilever de janvier 1949 à juillet 1985 dont huit années passées au Zaïre et deux ans au Gabon.
- Il décède le 29 juillet 2007 à Pornichet à l’âge de 84 ans.
Avec son cousin germain Philippe de Gaulle, il représente ainsi la famille de Gaulle au sein de l’Ecole des Cadets.
6 – Les Cadets tombés au 1er trimestre 1945
Reynold Lefebvre
Né le 5 avril 1925 à Sarcelles, il est l’un des 5 jeunes qui ont traversé la Manche en septembre 1941 en canoë pour rejoindre l’Angleterre.
Il est promu aspirant dans la promotion Fezzan-Tunisie.
Affecté d’abord à l’armée d’Italie, il combat ensuite avec la première armée au sein du 11èmeBataillon de marche. Il tombe le 26 janvier 1945, le jour de son anniversaire dans le bois d’Elsenheim aux abords de Colmar.
Marcel Henry Fafa dit Bussy.
Il est né le 18 avril 1924 à Paris et passe en Espagne en juin 1941. Promu aspirant dans la promotion Corse et Savoie en décembre 1943, il est affecté au BM5 de la 1ère DFL le 16 mars 1944 au sein de laquelle il combat en Italie puis durant la campagne de France. Il tombe le 25 janvier 1945, lui aussi durant les combats pour la libération de Colmar.
Jérôme Saint-Denis dit Duchesne
Il est né le 21 septembre 1924 à Paris. Il est le fils de Michel Saint-Denis, alias jacques Duchesne, d’un des animateurs de l’émission de Radio Londres. Il quitte la France en mars 1943, passe en Espagne, est interné à Miranda et arrive en Angleterre le 11 août 1943. Il est promu Aspirant dans la promotion 18 juin en juin 1944. Il tombe le 27 janvier au cours de l’attaque du village de Wittenheim.
Alain Taburet
Né le 17 mars 1923 à Saint-Renan dans le Finistère, il arrive en Angleterre le 20 juin 1940. Il fera partie de la légion des jeunes volontaires stationnée d’abord à Brynbach puis à Rake-Manor. Il fait partir des premiers cadets à Malvern. Il est promu aspirant en décembre 1943. Il est affecté au 22ème BMNA et combat en Italie où il sera blessé. Le 29 janvier 1945, il tombe lors d’un combat proche de Sélestat.
Marcel Ligavant
Né le 8 avril 1923 à Confors dans le Finistère, il arrive en Angleterre le 20 juin 1940.Il est promu aspirant en décembre 1942 dans la promotion « BIR-Hakeim ». D’abord envoyé à Madagascar, il revient à Alger en septembre 1943 à la tête d’une section du 3ème bataillon malgache. Il tombe en Alsace devant Jebsheim près de Colmar
André Burguière
Né à Paris le 25 mars 1924, André Burguière rejoint l’Angleterre en juin 1940 en passant par Jersey. Il est promu aspirant en juin 1944 dans la promotion « 18 Juin ». D’abord affecté à une mission en Haute Marne en juillet 1943, il effectue ensuite une mission de sabotage en Allemagne. Il meurt noyé en traversant la Mass à la nage pour rejoindre les forces Alliées.
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