Les premiers Cadets arrivent à Malvern en février 1941 . Nouveaux locaux, nouveaux officiers, nouvelle organisation c’est à Malvern que commence l’histoire militaire de l’Ecole des Cadets. Ils ne sont pas encore cinquante à l’arrivée mais seront bientôt renforcés par de nouveaux volontaires.
Etienne Laurent résume bien les premières impressions qui lui restent de l’installation à Malvern:
Malvern …Ah Malvern !
Que de souvenirs sont attachés à ton nom.
Réservé à l’élite, le collège de Malvern est l’un des « must » des « Public Schools » d’Angleterre. ( …) Notre présence dans ce collège est due à la guerre, à la disponibilité récente de certains de ses bâtiments, de terrains d’exercices et à l’une des dernières actions, en notre faveur, de notre Comité. Celui-ci remettra, fin décembre 1941, son mandat à l’état-major français.
Nous sommes les invités de cette Public School avec son magnifique environnement de vertes pelouses, de jardins, d’arbres et d’allées. Le tout mis en valeur depuis 1864, année de la création de ce collège, par de talentueux architectes, paysagistes, jardiniers et ouvriers. Des immeubles sont à notre disposition. Ils comprennent des salles de cours, d’études, de repos, de lecture, des réfectoires, des dortoirs partagés en « cubicles » (nos petits havres personnels), des douches et des sanitaires. Tout est parfaitement fonctionnel et confortable.
Enfin, pour notre développement physique, nous irons dans un gymnase couvert du collège, pour pratiquer la boxe, l’escrime, l’athlétisme, le basket-ball et la natation dans une grande piscine. En plein air nous attendent un stade, des terrains de football, de tennis, de rugby. Bref, tout est en parfait état et au même titre que pour les étudiants anglais, nous en avons le plein usage.
C’est un vrai régal. Notre vie change du tout au tout. Nous passons de la cahute avec ses « sacs à viande » au palace avec ses draps blancs, de la gamelle en fer blanc et de son quart du même métal à l’assiette en faïence et au verre, du débraillé à un semblant d’élégance.
Tout cet ensemble est propice au travail. Le commandant A. Beaudoin nous a répartis en trois groupes.
Les 25 bacheliers dans le peloton d’élèves-aspirants, 19 autres jeunes gens dans une section préparatoire à ce peloton et 6 personnes dans un groupe hors rang, il s’agit de ceux qui n’ont pas été retenus pour suivre les cours avec nous. Ils sont aussi des anciens de Brynbach ou de Rake Manor.
Nous sommes bien instruits et avons vraiment le sentiment de devenir des militaires à part entière, tant sur le terrain que par les connaissances théoriques que nous acquérons…
Enfin pris au sérieux
Un autre cadet, André CASALIS souligne quant à lui le soulagement éprouvé à trouver sa place dans les Forces Armées :
En un mot comme en cent, nous avons immédiatement compris que notre destin prenait un tour décisif. Nous avons trouvé notre place, en arrivant à Malvern, dans un système cohérent, faisant partie des Forces armées de la France Libre. Le sentiment d’être oubliés dans la campagne anglaise, sans avenir précis, s’est dissipé. Nous avons enfin un futur, même si nous le savons précaire par essence.
Nous résidons désormais au sein d’une cité britannique qui nous adopte immédiatement. Des bénévoles civils se proposent de meubler nos maigres loisirs hebdomadaires en nous invitant chez eux. Une grande amie de la France, Mme Marthe Severn-Storr organisera plusieurs manifestations amicales – nos permissions en particulier – en faisant la liaison avec la population de Malvern. Nous lui devrons beaucoup.
Parallèlement, nous avons trouvé notre place particulière au sein des forces armées britanniques. Elles suivront désormais avec attention, cette création originale. Notre mobilité, bientôt consacrée par l’affectation de véhicules, nous vaut le rôle de « dangereux ennemis » face à la Home Guard locale.
Des instructeurs ayant tous connu le feu, nous apportent le bénéfice de leur expérience, de leurs connaissances et d’une discipline salutaire de tous les instants. Des professeurs sauront, un temps, augmenter notre instruction générale comme le souhaite à juste titre André Beaudouin, notre nouveau chef..
Nous disposons enfin des infrastructures d’une ville d’eau accueillante : théâtre, cinéma, salle de concert et « pubs », même si, contrairement à ce qui se passera à Bewdley, nous ne fréquenterons guère ces dernier. Nous disposerons d’un pas de tir et de tous les espaces nécessaires pour les exercices de combat.