Le 12 mai 1944 Jean JEANNE tombe au GARIGLIANO

Du 11 au 13 mai 1944, il y a tout juste quatre-vingt ans, le Corps Expéditionnaire Français, commandé par le général Juin s’illustrait lors de la bataille du Garigliano.

Jean Jéanne

Parmi les combattants, plusieurs cadets sont présents. L’un des plus jeunes Jean JEANNE, né le 23 mai 1923 à Brest, et donc pas encore âgé de 20 ans va être le second mort pour la France parmi les officiers sortis de l’Ecole des Cadets de la France Libre.

André Casalis, l’un de ses compagnons dès juin 1940, a retracé le récit de son dernier combat dans son livre Destins croisés. Jean Jéanne commande une section au sein du BM24.

Le 11 mai – début de la bataille

L’offensive du Garigliano débute le 11 mai. Le BM.24 se lance à l’assaut de la ligne Gustav à 23h30, première et deuxième compagnies en tête. A deux kilomètres de sa base de départ l’agglomération de Fontanella est son objectif intermédiaire. La progression s’avère lente et difficile à travers un terrain rocailleux coupé de trois ravins. La section Jéanne progresse péniblement comme les autres. Les hommes glissent, tombent, s’égarent dans l’obscurité et le vacarme intense de la bataille, puis finalement rejoignent. Sa voisine, la section Desgranges se fait encadrer par un barrage de minen au passage du deuxième ravin : les Allemands ont eu tout le loisir de repérer leurs tirs et ne s’en privent pas. Le groupement du lieutenant Fauroux réussit à franchir un barrage similaire en ne perdant qu’un homme et le mulet porteur de la pièce de 60, tués dans ce même ravin.

Aidé d’un élément du BIMP plus ou moins égaré, les compagnies du commandant Sambron s’emparent de deux maisons après en avoir délogé les défenseurs, faisant deux prisonniers. L’objectif intermédiaire est atteint et Tencé comme Sicard, se trouvent exposés en pointe. Voyant que le BIMP voisin a beaucoup souffert, ils décident de s’installer en point d’appui vers 4.15h. Le colonel Raynal donne l’ordre de reculer une heure plus tard et la 4e Brigade se retrouve sur sa base de départ à 8.30h. Ce n’est que partie remise comme l’on sait, mais laissons ici la parole à l’historien officiel du bataillon pour le récit de la journée fatale du lendemain.

Le BM24, le 12 juin

 » ( … ) Cette fois, à l’ouest de 443, une large et longue cuvette rocailleuse, sableuse, ravinée attend le bataillon. A 06.00 h, petit jour blafard l’attaque démarre dans cette sorte de cirque géant où les blocs de pierraille s’entassent dans un fouillis de murettes, les grottes apparaissent dans l’énorme mitraille qu’est la base étalée du Girofano, faiblement boisée sur la gauche mais plus broussailleuse en montant et sur la crête. (..) Les compagnies approchent, camouflées au maximum, dispersées à vue sur le terrain propice (…) Les sections de pointe voient le gros blockhaus avec son glacis en pente à 30% au bas de 541, les cadavres des camarades du BIMP, l’arête rocheuse qui coupe verticalement les pentes à pic.

Tripier de la première et Granier de la deuxième, en sections de tête se partagent l’objectif, entraînant les compagnies. Tripier rampe en avant avec quelques hommes en contrebas, contourne le blockhaus. liquide le guetteur qui était derrière et les cinq occupants, surpris. C’est le signal : toutes les sections surgissent dans le hurlement des cris de guerre des Hadjerrayes, véritable course dans toutes les directions où les tirailleurs et les gradés submergent la base de 541 dans un fracas de mitraillettes et grenades tandis que les mortiers et les mitrailleuses lourdes arrosent à vue les hauteurs. Partout des corps à corps, des rafales, des Allemands terrorisés, à demi fous. Garkedi, fusil-mitrailleur à la hanche,  Djivine, mitraillette vidée, décapite un mitrailleur au coupe-coupe, Doul et Said lancent leurs grenades.
A 10.30 h l’affaire est terminée, on dénombre environ quatre-vingts cadavres allemands et soixante prisonniers. Parmi eux, des Alsaciens veulent reprendre le combat avec nous.
Dès 13,00 h les compagnies reprennent la progression. Le nettoyage se poursuit dans les bois sur les pentes ouest jusqu’au niveau de San Andréa, cote 253 et Vologna.

C’est donc certainement au cours de cette opération de nettoyage et à l’approche de San Andrea, objectif du bataillon que Jean Jéanne, atteint d’une volée d’éclats de mortier, trouve la mort. C’est le second officier issu de l’Ecole des Cadets après Claude Camors à donner ainsi sa vie. Son capitaine lui rend un émouvant hommage qui résume admirablement sa trop courte existence lors de ses obsèques :

« Il fut un modèle en tout point, comme chef, comme camarade, comme petit frère. Sa mort fut un exemple. »

Jean Jéanne reçut une belle citation à l’ordre de l’armée:

« Brillant chef de section, animé du plus haut sentiment du devoir, qui avait quitté la France à l’Armistice, à l’âge de 17 ans. Le 12 mai 1944 a brillamment conduit sa section à l’attaque. Est tombé mortellement atteint à la tête de sa troupe. Est mort avec courage en exhortant encore ses hommes au devoir« 

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