La lettre de Juillet 2007 – 5 Cadets présents en Corée

Une page d’histoire trop peu connue : les Cadets de la France Libre au sein du Bataillon français de l’ONU pendant la guerre de Corée (1950-1953).

Le 22 juin, était inaugurée à la Mairie de Saint-Mandé, par Pascale TRIMBACH, adjoint au Maire et Roger QUINTARD, secrétaire général de l’ANAAFF/ONU, une exposition consacrée aux Cadets de la France Libre et à leur participation à la guerre de Corée, sous les hospices de Patrick BEAUDOUIN, maire de Saint Mandé et président de l’association nationale des Anciens et amis des Forces françaises de l’ONU du Bataillon et régiment de Corée, 156ème R.I (ANAAFF/ONU).
L’exposition était organisée et présentée par Sébastien DELAYRE, petit-fils de René MARBOT et président de l’association Cadet MARBOT dont l’objectif est de promouvoir le patrimoine militaire à travers la présentation d’objets datant des deux guerres mondiales.

Etaient présents notamment lors de cette manifestation, le Général CUCHE, président de la Fondation Maréchal Leclerc de Hautecloque, l’amiral BARRERE, directeur général de la Fondation Charles de Gaulle, René MARBOT, ancien Cadet et président de l’ASCFL, Bernard Henri PRIGL d’ONDEL, seul survivant aujourd’hui des Cadets ayant participé à la guerre de Corée au sein du Bataillon français de l’ONU ; mais aussi Pierrette TUROVER, Saint Mandéenne et veuve de Cadet.

Volontaires pour rejoindre à LONDRES le Général de Gaulle après le 18 juin 1940 afin de participer à la libération de la Patrie, volontaires ils l’ont été aussi pour rejoindre le Bataillon français de l’ONU en Corée pour participer à la défense du monde libre.
Sur les cinq Cadets engagés en COREE, deux ont perdu la vie à MUN-CHI le 5 mars 1951.

Guy LEGENDRE avait 18 ans en mai 1940
Quand il quitte ROUEN pour rejoindre le sud de la France puis ORAN où il entre en contact avec les réseaux de résistance pour préparer le futur débarquement des forces alliées sur les côtes algériennes et marocaines. Puis il se rend à GIBRALTAR en janvier 1943 pour rejoindre les Forces Françaises Libres en Grande Bretagne. Il est admis à l’Ecole des Cadets et en sort au grade d’aspirant dans la « Promotion 18 Juin ». Il sert au BCRA, est parachuté en France dans le Cher puis rejoint le front de l’Atlantique et termine dans les rangs de la 1ère Armée Française qui le mène jusqu’au Danube.
Volontaire pour le Corps expéditionnaire d’Extrême Orient, il rejoint en 1946 la 2ème compagnie des Parachutistes SAS. Il est blessé lors du dégagement de Nam-Dinh. Il retourne en 1947 en France où il est instructeur parachutiste à PAU.
C’est après son retour à la vie civile qu’il s’engage en juillet 1950 au Bataillon français de Corée et prend part aux combats aux côtés de la 11ème division américaine.
Il trouve la mort atteint d’une balle en pleine tête au cours d’un assaut sur la côte 1037 à MUN-CHI en Corée centrale alors que sa compagnie venait d’atteindre l’objectif qui lui avait été assigné après avoir repoussé victorieusement des contre-attaques ennemies.

Louis LE ROUX a 17 ans quand il s’embarque le 23 juin 1940
Pour rejoindre l’Angleterre via les Iles anglo-normandes. Il fait partie du premier contingent des Cadets de la France Libre quand l’Ecole s’installe à Malvern. Il est promu aspirant le 1er juin 1942 dans les rangs de la « Promotion Libération ». Volontaire pour les Théâtres d’opération extérieurs, il rejoint le Pacifique, pour contenir les ambitions japonaises ; Après un retour en France, il repart début 1947 sur l’Indochine où il est affecté au 22ème RIC qui se bat dans le sud avec vaillance et où il est cité 4 fois.
Son retour en France s’effectue à Saint-Maixent où il est instructeur à l’Ecole Militaire d’Infanterie.
Il s’engage dès octobre 1950 au Bataillon français de Corée pour retrouver l’aventure et le gout du risque. Il reçoit la Silver Star américaine en récompense de ses faits d’armes aux côtés des troupes américaines, alors que bien que blessé, il réussit avec ses hommes à contenir de furieuses attaques de l’adversaire.
Comme son camarade LEGENDRE, il trouve la mort à la tête de sa compagnie alors qu’il entraine sa troupe lors de l’assaut de la côte 1037 sur une pente abrupte balayée par le feu ennemie.
Par un étrange sort de l’histoire, les deux Cadets sont morts le même jour et au même endroit loin de leur Patrie pour défendre les valeurs qui les avaient conduit à rejoindre Le Général de Gaulle dès 1940.
Deux autres Cadets survécurent à leur engagement dans le Bataillon de Corée mais ils sont morts pour la France ultérieurement.

Jean Louis ALIX, né en 1922 s’évade par l’Espagne
D’abord Jean-Louis ALIX. Etudiant en droit, il s’évade via l’Espagne lorsque les Allemands envahissent la « zone libre ». Après avoir été interné quelques mois à Miranda, il rejoint Gibraltar puis l’Angleterre. Il s’engage alors dans les Forces françaises libres et est dirigé sur l’Ecole militaire des Cadets d’où il sort aspirant avec la « Promotion 18 juin ». Il rejoint le BCRA et est parachuté en France occupée pour des actions de sabotage et d’encadrement des maquis.
L’armistice du 8 mai 1945 le trouve en Allemagne où il séjourne jusqu’en 1947 puis il rejoint l’Indochine où il est cité et promu Lieutenant. Il repart en Allemagne en zone d’occupation et se porte volontaire pour la Corée où il rejoint le Bataillon français à la mi-1952.Sa brillante conduite au feu le voit cité à l’ordre de l’Armée.
A l’expiration de son contrat avec l’ONU, il retourne en Indochine et rejoint le 3ème RTA. Il est à nouveau cité. Il participe à la tragédie de Dien bien Phu en mai 1954 ; il est fait prisonnier après la reddition du camp retranché ; il s’évade lors de l’arrivée de l’étape précédant la traversée de la Rivière Noire. Il est porté disparu le 8 mai 1954, aucune trace n’ayant été retrouvée après son évasion.

Claude BARRES a 14 ans quand la guerre éclate.
Il quitte la France avec sa mère le 20 juin 1940 et gagne les Etats Unis via l’Espagne et le Portugal. Il s’engage en décembre 1942 pour rallier l’Ecole militaire des Cadets de la France Libre. Il rejoint l’Angleterre par bateau et arrive à Ribbesford en janvier 1943 ; en décembre, il est promu aspirant dans la « promotion Corse et Savoie ». Il choisit les parachutistes et est parachuté en aout 1944 dans la région nord de Lyon ; il accueille la 1ère DFL à Lyon le 5 septembre après avoir harcelé et ralenti les troupes allemandes dans le département du Rhône. Il participe ensuite aux opérations de la 1ère Armée.
Il repart en Grande Bretagne pour un entrainement spécial en vue de l’opération AMHERST qui se déroule au nord de la Hollande en mai 1945sa conduite au feu avec ses hommes lui vaut une citation à l’ordre de l’Armée.
Démobilisé après l’Armistice, il devient reporter à Paris Presse, mais la vie civile le déçoit et il se porte volontaire pour l’Indochine. Il arrive en janvier 1948 et se fait rapidement affecté à des missions SAS en Annam puis au Laos et enfin au Tonkin ; sa conduite valeureuse lui vaut deux nouvelles citations.
De retour en France en avril 1951, il se porte volontaire pour la Corée et il rejoint le Bataillon français dès le 1er janvier 1952. Pendant une année, il multiplie les exploits qui lui valent trois nouvelles citations. Il est gravement blessé le 21 avril 1952, mais poursuit le combat à la tête d’une compagnie qui vient de perdre son commandant tué sur le champ de bataille. Il reçoit la Légion d’honneur et la Silver Star américaine. Il quitte la Corée le 1er décembre 1952, auréolé de ses faits d’armes.
Après six ans passés au SHAPE, Il rejoint à l’été 1958 les parachutistes en Algérie. Après de nombreuses opérations, il est tué le 26 mai 1959 au cours d’un engagement de sa compagnie à l’assaut d’un piton tenu par les fellagas. La crête est conquise mais six de ses hommes perdent la vie avec lui.
De nombreux Cadets l’accompagnent dans sa dernière demeure au cimetière de Charmes où il repose au côté de son grand père Maurice Barrès.
Officier brillant, faisant honneur à sa famille et à ses camarades de combat et aux Cadets de la France Libre, il donne son nom à une promotion de l’Ecole militaire de Cherchell, la « promotion Capitaine Claude Barrès ».

Le survivant : Bernard PRIGL d’ONDEL a 16 ans en 1940
Né en 1924 à Beyrouth, il s’engage fin 1942 dans la France Libre avec d’autres jeunes de son âge ; ils quittent le Liban et rejoignent la Grande Bretagne via l’Egypte, l’Inde, l’Afrique du Sud pour intégrer l’Ecole des Cadets en juin 1943.
Après avoir suivi les cours de l’Ecole des Cadets, il est nommé sergent en juin 1944 et rejoint le BCRA puis diverses affectations dans l’intendance ; il termine la guerre en Allemagne au sein de la 2ème DB De retour en France en mai 1945, il est démobilisé à la fin de l’année.
Après quatre ans de vie civile, il est volontaire pour la Corée. Il rejoint le contingent français fin novembre 1950 puis il est muté au Japon pour superviser l’acheminement des blessés dans les hôpitaux américains. C’est en avril 1951 qu’il rejoint le Bataillon français en Corée et combat sur les pitons dont celui de Crève-Cœur qui tombe aux mains de la 2ème compagnie du Bataillon français.
Il photographie ce qu’il voit et laisse notamment 400 clichés qui constituent aujourd’hui un témoignage précieux de la vie des hommes du Bataillon français.
Après un an de guerre et sa mission accomplie, il rentre en France et retourne à la vie civile, avec la croix de guerre des TOE et la médaille des FFL.

Cinq destins différents mais un parcours identique avec la volonté de rejoindre Londres et la France Libre, puis de poursuivre cet engagement au-delà de la fin de la 2ème Guerre mondiale, pour assurer la liberté du monde libre.
Comme sur les autres terrains d’opérations, les Cadets ont été présents en Corée, fidèles à leur engagement initial, avec le sens de l’honneur et du sacrifice.
Il était juste de leur rendre hommage à l’occasion de cette exposition consacrée aux Cadets de la France Libre et au Bataillon de Corée.

Pierre MOULIE, vice-président de l’ASCFL
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